YOUTH 2015 2016
« YOUTH » Il est vrai que si la vieillesse veut du temps, la jeunesse veut l'espace. Par Jean-François MOLLIERE La série « Youth » est née d'une commande des Photographiques pour l'édition 2016 qui interroge l'héritage de la photographie humaniste. Cette proposition de Jean-François Mollière s'est rapidement inscrite dans un travail personnel de recherche plus large dont les premiers jalons nous sont ici offerts. Cette série d'images s'est d’abord inscrite « contre » la tradition et les chemins empruntés par la photographie dite humaniste et son « réalisme poétique », en refusant la mise en scène, en prenant ses distances d'avec la narration ou encore l'illustration. Si l'image est saisie « dans la rue », cette rue s'efface au profit du sujet qui sort littéralement de son environnement pour occuper parfois tout le cadre. Il est vrai que si la vieillesse veut du temps, la jeunesse veut l'espace. Le « bistrot » a cédé le terrain à la plage mais celle-ci n'a plus rien d'un contexte. Ce dernier disparaît, laissant le champ à des images atemporelles qui sont comme le miroir intime de l'histoire de chacun. Ce « portrait » de la jeunesse n'est pas une ressemblance. « L'inexactitude n'existe pas en photographie. Toutes les photos sont exactes. Aucune d'elles n'est la vérité. » disait Richard Avedon. On chercherait donc vainement une ressemblance puisque le regard porté par Jean-François Mollière est singulier et que chaque spectateur le reçoit et le reconstruit à sa manière. Nous pouvons plutôt saisir, éprouver une connivence, entrer en résonance ou sympathie. Nous voici donc aussi « tout contre », « au plus près ». Le photographe lui-même s'est approché et nous nous laissons surprendre par la posture des corps qui conquièrent l'espace, l'identité corporelle de cette jeunesse, l'énergie singulière dégagée. Le regard est bien à l'écoute de la petite musique de l'humanité et dialogue avec l'histoire universelle de la peinture. Ainsi Jean-François Mollière nous présente-t-il une Cène revisitée ou encore une délicate Madone. Le parti-pris est celui du gris lumineux. Aucun blanc, aucun noir absolus dans ces « tableaux », le cadre seul donne le noir de référence. Ainsi il n'y a pas d'ombre qui ne puisse être illuminée...et donc parler à chacun. Nadine Borowczyk